Béthune, correspondance.
La gratte était systématique. Et un peu minable: stylos à 9,50 francs au lieu de 96 centimes; éponges à 22 francs pièce; cartons d'enveloppes à 890 francs. Et même le papier toilette. Ça a d'ailleurs fait tiquer François Bessy, le président du tribunal de Béthune (Pas-de-Calais). «Ecoutez, je vois un rouleau de papier hygiénique à 7 francs, je ne suis pas un spécialiste, mais je vous affirme que ce n'est pas le prix normal dans le commerce», s'est étonné le magistrat en s'adressant à Jean-Luc Bécart. Le sénateur et conseiller général communiste du Pas-de-Calais est poursuivi pour «faux en écriture publique, faux en écriture privée et escroquerie», favoritisme dans la passation des marchés publics et «détournement de fonds publics», à propos de sa gestion passée à la tête de la mairie d'Auchel, commune de 12 000 habitants. Aux côtés du sénateur comparaissaient 22 prévenus, dont des chefs d'entreprises qui avaient accepté de surfacturer les fournitures. Les ennuis de Bécart débutent avec un contrôle de la chambre régionale des comptes. Elle épluche les comptes municipaux des années 1990 à 1992, constate des pratiques douteuses et transmet le tout à la justice. Le juge d'instruction met à jour un «système organisé». Fausses délibérations de conseil municipal, faux certificats, anomalies dans la gestion d'équipements municipaux, au foyer des personnes âgées. En 1994, le Sénat vote la levée de l'immunité parlementaire de Bécart. Mis en examen, il passe q