Nantes, correspondance.
A l'abri de la tempête, les deux morceaux de l'Erika reposent paisiblement par 120 mètres de fond, avec, dans les cales, 20 000 tonnes de pétrole lourd. «Une bombe à retardement», commente le président de la Comex, spécialisée dans les opérations sur les épaves sous-marines. Les Douanes et la Marine nationale effectuent des vols de surveillance quotidiens pour surveiller l'épave. Des irisations ont été constatées en surface, que les autorités attribuent aux remontées de fioul provenant des moteurs plutôt qu'à des fuites d'hydrocarbures de la cargaison.
Bloc compact. Au siège parisien de TotalFina, on indique qu'aucune urgence n'oblige à traiter le pétrole contenu par l'épave du tanker. De toute façon, selon les dirigeants du groupe pétrolier, la fuite est matériellement impossible: dans le froid des eaux profondes (entre 2 et 3 degrés), le fioul se fige en un bloc compact. «Nous avons nommé un chef de projet, un ancien de la Comex, pour envisager les techniques à utiliser à cette profondeur, où le fioul est gélifié. Il faudrait le réchauffer pour qu'il coule et puisse être extrait. Cet état de mélasse dure maintenue au fond nous laisse du temps pour étudier tranquillement la situation.» A Brest, le préfet maritime envisage d'envoyer un engin sous-marin télécommandé, appartenant à la Marine et chargé de faire un état des lieux en inspectant les deux morceaux de coque posés sur le fond. L'Abeille-Supporter, un remorqueur de haute mer, doit remonter de Bay