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Libération

La mort collée aux plumesSoins intensifs pour les oiseaux mazoutés à la clinique de l'Ile-Grande.

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publié le 25 décembre 1999 à 2h18

L'Ile-Grande envoyé spécial

Naguère parfaitement blanc, le plastron du guillemot est marron sale, et ses plumes engluées de fioul lourd. Tandis qu'Anaïs, une collégienne de 14 ans, maintient l'animal en place, Laurent, 28 ans, tient son long bec ouvert entre les doigts et, par un tuyau enfoncé jusqu'au jabot, le nourrit à la seringue de bouillie de poisson. Lorsqu'il a eu vent des premiers oiseaux mazoutés retrouvés sur les plages, Laurent, soigneur animalier dans les parcs zoologiques de la région angevine, a aussitôt rejoint, comme une quinzaine d'autres bénévoles, la station ornithologique de l'Ile-Grande, près de Lannion (Côtes-d'Armor), où ont été recueillis le tiers des 15 000 premiers oiseaux victimes de la pollution.

Hécatombe. Ramassés dans leur majorité sur les plages morbihanaises ou vendéennes, puis acheminés gratuitement à l'Ile-Grande, les oiseaux soignés dans cette clinique très spéciale ne sont pas tous victimes des hydrocarbures de l'Erika. Certains navires n'hésitent pas en effet à profiter du naufrage pour dégazer au large, espérant que leurs rejets passeront inaperçus. L'hécatombe n'en est pas moins réelle. «Il s'agit là de la partie émergée de l'iceberg: pour un oiseau qui s'échoue sur les côtes, une dizaine sont morts en pleine mer», estime la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). A l'Ile-Grande, un «plan Polmar Piaf» centralise les informations des deux autres centres de soins: la clinique du Centre d'hébergement et d'étude sur la nature et l'envi