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Libération

Après la pollution, la digestion. Aidée par les hommes, la mer lutte contre les traces d'agression.

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publié le 27 décembre 1999 à 2h17

Oiseaux mazoutés, plages et rochers souillés, coquillages décimés:

aussi désastreuses soient-elles, les conséquences écologiques des marées noires ne sont pas irréversibles. La meilleure preuve en est, vingt ans après le naufrage de l'Amoco Cadiz, la faune et la flore multicolores et foisonnantes qui se jouent désormais de l'épave gisant au large de Portsall (Finistère). Concentré de végétaux décomposés et fossilisés, le pétrole est en effet une matière organique dont le milieu marin saura venir à bout. «Cela se chiffre en mois, en années, on est incapable de prédire quoi que ce soit», reconnaît Jean-Paul Dreno, directeur de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) à Nantes. «Cela dépend de facteurs comme la luminosité du milieu, sa température, mais aussi sa richesse bactérienne ou son brassage par les vagues. On sait seulement que c'est long.» De la nature du pétrole, lourd ou léger, épais comme du bitume ou volatil comme de l'essence, dépendent ses capacités de nuisance. Les plus légers, comme pour l'Amoco, sont a priori les plus toxiques. Le fioul lourd de l'Erika, proche de celui du Tanio, qui fit naufrage en 1980 au large de l'île de Batz, serait le moins directement nocif pour les organismes vivants. On n'a cependant jamais pu distinguer, à deux années d'intervalle, les effets des naufrages de l'Amoco et du Tanio.

Nouvel équilibre. «Le premier effet polluant du pétrole est une destruction physique, par étouffement, de la faune et de la