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Libération
Éditorial

Atmosphères, atmosphère.

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publié le 31 décembre 1999 à 2h14

Les fêtes ont été inventées par les hommes pour oublier et pour sublimer. Elles sont censées effacer pour quelques heures malheur et douleur, soucis et préoccupations. Après la joie spontanée de la Coupe du monde, les festivités du passage à l'an 2000 devaient en être le plus que parfait prototype. N'avait-on pas même créé une commission pour l'occasion?

C'est pourtant comme un étrange malaise qui plane sur ces réjouissances préméditées depuis si longtemps. Et rares sont ceux qui y échappent. Les agences spécialisées dans les événements extravagants, du type «spécial milliardaire», ont été les premières frappées par le phénomène: le réveillon en Concorde ou le nouvel an au fin fond de la Patagonie, ça ne marchait pas. Puis est resurgie la vieille peur de la violence: un million et demi de joyeux fêtards sur les Champs-Elysées, bonjour les dégâts! Le tout sur fond de «bug», la petite bête inventée par la négligence de l'homme, et dont la virtualité s'efface au profit de la réalité au fur et à mesure que se rapproche la date fatidique. On a beau ne pas y croire, se défendre de tout résidu millénariste, le bug avance, en même temps que la pendule. De quoi souhaiter parfois que le 1er janvier soit surtout un jour comme les autres.

Marée noire et tempête, qui, elles, n'ont rien de virtuel, ont fini de pourrir la fête avant l'heure: l'an 2000, décidément, ne marquera pas notre entrée dans un eldorado postmoderne. Nous aurons le bug mais nous garderons le mazout et nous retrouverons