Tribunal de Paris, audience du 1er janvier,
Les avocats de permanence ont tous un petit sachet à la main. Des chocolats offerts par leur Ordre en remerciement de leur présence le 1er janvier 2000. Ils n'ont pas beaucoup de travail. «Nuit extraordinairement calme», a dit le procureur de la République. Juste dix personnes déférées, moins qu'un week-end normal. Comme la semaine dernière, pour Noël, les comparutions immédiates n'auront lieu que lundi. Et un juge délégué signe quelques contrôles judiciaires et des mandats de dépôt en attendant l'audience. Il est aussi chargé des étrangers en situation irrégulière. Faut-il les maintenir en rétention administrative ou non? A lui d'en décider. En apparence du moins, car la loi ne lui laisse pratiquement aucun choix. «Cette procédure est hybride, idiote», chuchote d'ailleurs une avocate.
«Bonjour monsieur, vous parlez français? Non? Alors, monsieur l'interprète, vous prêtez serment», commence le président. L'homme s'appelle Mohammed S. ou Ben Mohammed C. «Vous avez donné deux noms, quel est le bon?» Deux noms mais pas de passeport, Mohammed l'a confié à un ami tunisien. «Il ne sait pas où il habite», traduit l'interprète. Le magistrat fait la moue. «Ça, je trouve ça extraordinaire, un passeport est le bien le plus précieux pour un étranger, et vous le confiez à un inconnu!» Tiens, prends ça!, semble approuver la représentante de la préfecture, qui avertit d'un ton pincé: «S'il est bien tunisien comme il l'affirme, il doit savoir que le