Menu
Libération

Parents et enseignants ferment la classe au foulard. Deux soeurs sont isolées dans un collège gardois depuis quinze mois.

Article réservé aux abonnés
publié le 5 janvier 2000 à 22h09

La Grand-Combe (Gard), envoyé spécial.

Au nom de «la défense des valeurs de laïcité», des parents et des enseignants ont bloqué hier la rentrée des classes au collège Léo-Larguier de La Grand-Combe (Gard). Ils entendent protester contre l'admission en classe, sur ordre du recteur, de deux soeurs coiffées du foulard islamique. Depuis octobre 1998, ces deux élèves sont isolées en salle de permanence. Cette situation, fruit de négociations entre les enseignants et le rectorat, devait être provisoire. Un provisoire qui dure depuis quinze mois. Le recteur, inquiété par une plainte déposée par la famille, exige désormais la réintégration des deux soeurs au nom du respect de l'obligation scolaire, tout en se référant à la jurisprudence du conseil d'Etat (voir ci-contre).

Harmonie laïque. A La Grand Combe, les parents mobilisés assurent que l'affaire met en danger l'intégration dans cette terre d'immigration, berceau des mines des Cévennes. A Léo-Larguier, presque la moitié des 400 élèves sont d'origine maghrébine ou turque. La fête de l'Aïd el-Kebir, qui clôture le ramadan, fait partie de la vie du collège. Et ce sont deux soeurs, Romina et Diana, blondes comme les blés, Françaises converties par leur frère à l'islam, qui risquent de troubler l'harmonie laïque. En septembre 1997, quand Romina, l'aînée, arrive au collège, le corps enseignant et le principal pensent que, comme cela est déjà arrivé, la situation peut s'arranger. Dans un premier temps, les professeurs tolèrent le voile q