Le policier se souviendra longtemps du coup de fil. C'était le soir
du nouvel an 2000. Minuit approchait au commissariat de Corbeil-Essonnes. A la sonnerie, il décroche. Au bout du téléphone, un jeune adulte de la cité des Tarterêts explique qu'avec des copains, il a neuf Ford Fiesta à livrer. Elles ont été volées, elles doivent brûler, ils veulent les rendre, pour «protéger l'image de la cité». Les policiers croient sans doute à un piège, pour les attirer vers les Tarterêts. Mais non. Un peu plus tôt dans la soirée, une vingtaine de jeunes adultes s'apprêtaient à aller réveillonner dans le local de l'Association des jeunes des Tarterêts (AJT). «On savait, dit l'un d'eux, que les petits allaient faire des conneries. Eux savaient qu'on les cherchait. Tout à coup, on a vu passer un convoi de Ford Fiesta. Fallait pas être sorcier pour comprendre.» Les Ford Fiesta se volent facilement: les portières se tordent vite, et le constructeur a gentiment prévu des fils très accessibles. Ce soir-là, les «petits» (âgés de 15 à 18 ans, selon leurs aînés) ont volé neuf Fiesta. Ils comptent les incendier. «Mais quand ils nous ont vus, ils ont posé les caisses et ils se sont sauvés. On a appelé les flics, on voulait pas qu'ils nous arrêtent au volant, et on leur a garé les voitures sur le parking du McDo, à côté de la cité.» Un autre précise: «Ce qui nous a décidés, c'est quand on a vu une maman qui sortait avec ses mômes, pour la fête. Quand elle a entendu les coups de frein à main, elle est