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Libération

Calamité sur les poiriers des Guesdon. Les deux tiers de ce verger normand ont été détruits.

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publié le 8 janvier 2000 à 22h04

Saint-Cyr-du-Bailleul, envoyée spéciale.

Par terre gît le travail de plusieurs générations de la famille Guesdon. Combien? Sébastien, 22 ans, ne sait pas. «Mon père, mon grand-père" les plus vieux arbres avaient 120 à 150 ans», calcule-t-il. Tout ce qu'il sait, c'est que le dimanche 26 décembre vers 5 h 30 du matin, le vent s'est levé, et le verger ancestral de poiriers a été ratiboisé en quelques minutes. Les arbres des Guesdon, agriculteurs à Saint-Cyr-du-Bailleul (Manche), n'étaient pas assurés. Pas plus que ceux des autres producteurs de poiré, cette boisson fermentée à base de jus de poire typique du Domfrontais, région de la Manche proche d'Avranches. Depuis dimanche, les Guesdon contemplent le désastre. «Vers 5 h 30, on a entendu le vent. Mon père m'a appelé pour l'aider à tenir les fenêtres de la maison. Et on a attendu que le jour se lève pour aller voir», raconte Sébastien. Pour le visiteur, le spectacle n'est pas apocalyptique. La culture des poiriers n'étant pas intensive, les cadavres sont éparpillés dans les champs. Mais, pour les Guesdon, le décompte est funeste: sur 900 poiriers et pommiers, 650 sont à terre. «De chez moi, je vois maintenant le bourg de Saint-Cyr, ça me fait tout drôle», observe Sébastien. Fragiles comme tous les arbres fruitiers, les poiriers ne sont pas déracinés mais cassés, ce qui rend leur bois, pourtant très recherché par les ébénistes et les luthiers, invendable. Facteur aggravant, le verger des Guesdon était peuplé de plant de blanc