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Libération
Reportage

Mon village à la bougie. Le tour de Francette.

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publié le 8 janvier 2000 à 22h05
(mis à jour le 8 janvier 2000 à 22h05)

La fourgonnette de Francette Durand se faufile à toute allure entre les arbres déchiquetés, les poteaux brisés, les câbles qui pendouillent comme des guirlandes. Des 60 km de sa tournée, Francette connaît chaque virage, chaque nid-de-poule, chaque bosquet. Voilà douze ans que cette employée communale apporte tous les jours à midi les plateaux-repas aux personnes âgées et aux handicapés de Cercoux (Charente-Maritime) et de ses 80 hameaux. Potages, viandes et légumes frais, préparés par la cantine scolaire. De 20 à 38 F, selon la distance. Ce «paysage de guerre», elle a «du mal à [s']y faire». Et par ceux qui la guettent derrière les carreaux, qui n'ont ni téléphone ni électricité, Francette est fêtée comme l'était la cantinière par les soldats dans leurs tranchées. Premier arrêt chez les Audy, à 100 m du groupe électrogène installé par la mairie pour les commerces du bourg. Dans la cuisine, on entend le ronronnement du diesel. Deux bougies s'étalent sur la toile cirée. «Elles sont finies, vos bougies, madame Audy», lance Francette, en posant ses plateaux. «Bougez pas!» poursuit-elle. Elle court à la voiture, ramène d'autres bougies, s'enquiert du coeur de M. Audy, prend les plateaux de la veille, s'excuse de ne pouvoir rester, promet que le courant va bientôt revenir et repart. «Il y en a encore cinquante qui attendent, et ça refroidit!» Arrêt chez les Valto. «Ce monsieur-là, explique Francette, quand c'est arrivé, il a ressorti sa tonne, l'a accrochée derrière le tracteur et