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«Dans la vallée, l'autoroute accentuera l'hémorragie»Les habitants du Buëch se mobilisent contre le passage probable de l'A51 Grenoble-Sisteron. Samedi, ils ont bloqué la nationale.

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publié le 10 janvier 2000 à 22h04

Haute Vallée du Buëch, envoyé spécial

Evidemment, vu du cul d'une biquette au poil angora, la perspective d'une quatre voies qui traverserait la vallée du Buëch, à l'ouest de Gap (Hautes-Alpes), n'a pas de quoi déchaîner l'enthousiasme. C'est pourquoi Jean-Claude Gast, 56 ans, maire de Saint-Julien-en-Beauchêne et agriculteur spécialisé dans les laines nobles (alpaga, cachemire, angora, mérinos), organisait samedi, avec d'autres élus de la région, une manifestation de protestation contre les projets d'achèvement de l'A51. Cent vingt à deux cents personnes ont bloqué la RN 75 par un barrage filtrant à La Rochette, pour contester la «concertation bidon» menée par l'Etat sur la liaison Sisteron-Grenoble et réclamer «un équipement adapté aux capacités de nos vallées». Leur question est simple: le Buëch, vallée de moyenne montagne, doit-il sacrifier sa beauté et sa tranquillité pour le bonheur des relations routières Nord-Sud en Europe, et accueillir le trop-plein de poids lourds qui engorgent l'A7 dans la vallée du Rhône?

Balancier. «C'est la dissolution qui nous a foutus en l'air», dit, en rigolant, Jean-Claude Gast. Jusqu'en 1997, le tracé retenu passait par l'est de Gap, loin de son pays. «La merde, loin de chez nous», dit-il. Depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir, le balancier revient fort vers l'Ouest et le Buëch. Ce que certains, dans la vallée, ne voient pas d'un mauvais oeil, pensant que l'autoroute peut apporter un désenclavement, voire l'ébauche d'une vie économique