De nos envoyés spéciaux
Ils ont gardé leurs cirés noircis, portent un guillemot couvert de fioul dans une caisse en carton. «Rendez-nous nos oiseaux», demande la pancarte d'un enfant dans le cortège d'environ 4 000 personnes qui ont répondu, samedi à Vannes, à l'appel du Collectif marée noire. Derrière le «gwen ha du» (le drapeau breton) maculé de taches noires, arborant des autocollants dénonçant le «beurk de l'an 2000», une cinquantaine d'associations écologiques syndicales et professionnelles n'avaient qu'une cible: TotalFina et les pouvoirs publics. «Je suis outré par la faiblesse des moyens du plan Polmar, s'insurge Jean-Noël Yvon, président du syndicat des ostréiculteurs de la ria d'Etel. A quoi ont servi vingt ans d'études sur les pollutions marines pour n'avoir comme seule solution que le ramassage à la main? On sait aussi que l'incidence sur notre activité va être énorme. Quand j'ai commencé l'ostréiculture, à l'époque de l'Amoco Cadiz, notre chiffre d'affaires a baissé de 30% alors qu'on n'avait pas eu une goutte de pétrole sur le Sud Bretagne.» Dicton. «Depuis l'Amoco, dit Gérard Perron, élu du pays de Lorient, on a cassé notre marine marchande, on a vendu les bateaux pour diluer les responsabilités et diminuer les coûts. Or, "en mer, trop fort n'a jamais lâché, dit un dicton.» Pour beaucoup de manifestants, scandant «la bourse ou la vie, Total a choisi», le naufrage de l'Erika est un «accident de l'ultralibéralisme» et la conséquence du laxisme des sociétés de vé