Menu
Libération
Interview

«On ne sait pas combien sont morts en mer». Les conséquences pour la faune vont s'échelonner sur cinq ans.

Article réservé aux abonnés
publié le 14 janvier 2000 à 21h58

Maître de conférences à l'université de Bretagne occidentale à Brest

et ancien président de la SEPNB (Société pour l'étude et la protection de la nature en Bretagne), Jean-Yves Monnat, 57 ans, naturaliste généraliste, est aussi l'un des rares spécialistes des oiseaux marins en France.

Quel premier bilan écologique tirer de la marée noire?

L'impact sur le milieu marin ne sera pas terrible. On n'a pas affaire à un pétrole brut léger, particulièrement toxique, comme dans le cas de l'Amoco, mais à un produit déjà traité, qui a perdu ses molécules les plus légères et dont la toxicité est extrêmement faible. En revanche, il faut arrêter tout de suite les bêtises qu'on est en train de faire sous prétexte de nettoyage. On est en train de bousiller irrémédiablement tout le système dunaire du Sud-Bretagne dans l'hystérie collective de la propreté. Alors qu'on a planté des ganivelles (petites barrières, ndlr) pour retenir le sable sur des cordons dunaires comme celui de Gâvres, les tracto-pelles ont éventré les dunes et raclé la végétation en cours de fixation. On arrache les oyats (herbes qui fixent le sable des dunes, ndlr) pour trois gouttes de pétrole. On dépose et on entrepose du pétrole n'importe où alors qu'il s'agit d'un milieu dont la faune et la flore sont très particulières et très fragiles. A Belle-Ile, la dune de Donant, exceptionnelle pour ses espèces végétales, notamment méridionales, a subi un vrai carnage. Quant au statut de réserve naturelle de l'île de Groix, il a été t