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Libération

Après la marée noire, le danger de la marée humaine. Le nettoyage effectué sans discernement menace les côtes.

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publié le 15 janvier 2000 à 21h56

Rennes, correspondance.

Depuis quelques jours, les voix se multiplient pour freiner les ardeurs déployées par les communes et les bénévoles pour nettoyer les côtes souillées par la marée noire. Effectuées sans discernement, ces opérations, si bien intentionnées soient-elles, peuvent se révéler plus dommageables pour le littoral que le fioul lui-même.

«Cette marée noire a été vécue comme un viol, une souillure intolérable, analyse Dominique Halleux, chargé de mission au Conservatoire du littoral. L'impact émotionnel a été très fort et tout s'est passé comme s'il fallait manifester une énergie à la mesure de la catastrophe. Certains ont même comparé cet élan de bonnes volontés à un gigantesque Téléthon. Mais personne n'a tenu compte des recommandations des spécialistes, beaucoup de bénévoles ont travaillé sans encadrement, et trop de nettoyage, ce n'est pas bon du point de vue biologique.»

Classées grand site et en voie de réhabilitation, les dunes de Penthièvre et de Gâvres, dans le Morbihan, ont ainsi été allégrement sillonnées par les engins de terrassement, trop pressés d'enlever les nappes de mazout. Habituellement, elles sont interdites à tout véhicule afin de préserver les herbes rases et les plantes rares qui y poussent. L'érosion des plages, souvent fragiles, risque également de s'accélérer en raison des quantités importantes de sable ramassé avec le fioul. «A Etel [près de Lorient], j'ai vu une benne qui contenait peut-être 5% de pétrole, raconte un expert, tandis que