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Libération
Enquête

GRAND ANGLE: Une journée ordinaire au tribunal de Montpellier. Justice rapide.

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C'est un tribunal flambant neuf, un tribunal ordinaire où 45 magistrats traitent chaque année plus de 70000 affaires et plaintes, usant et abusant, à leur grand désarroi, du «traitement en temps réel». Justice expéditive? «Libération» a enquêté.
publié le 15 janvier 2000 à 21h57

Les magistrats boycottent les audiences solennelles de rentrée dans les tribunaux, multiplient les assemblées générales et les motions pour protester contre le projet de réforme de la justice. Ils supportent mal que leur responsabilité soit mise en cause sans que soient abordées les raisons principales du dysfonctionnement de la justice au quotidien: surcharge des tribunaux, incitations à utiliser les procédures d'urgence pour accroître la production judiciaire, focalisation sur la délinquance de rue" Autant de maux qui surgissent à travers la radiographie du tribunal de Montpellier.

Voleurs à la roulotte ou à l'étalage, fumeurs de haschisch, automobilistes irascibles qui en viennent aux mains, couples divorcés qui s'écharpent" «C'est plutôt calme aujourd'hui. Vraiment la journée lambda. On n'a pas encore eu de querelles de voisinage, mais ça ne saurait tarder», commente Nathalie Gouy-Paillier, substitut au tribunal de grande instance de Montpellier. Depuis le début de l'après-midi, elle a pris la permanence du «traitement en temps réel» (TTR). Ses trois téléphones grelottent sans relâche. Ils la relient à tous les commissariats et à toutes les gendarmeries du ressort qui déversent à jet continu leur collecte de petits délits du jour. Des affaires qui, il y a deux ans encore, arrivaient par courrier et s'entassaient sur les bureaux des magistrats du parquet, en attendant qu'on leur fasse un sort: classement sans suite ou poursuite avec fixation d'un jour d'audience devant le