C'est vraiment la fronde. A Perpignan, vendredi, le procureur de la
République était seul à la tribune pour ouvrir l'audience solennelle de rentrée du tribunal. Ses collègues ont manifesté leur réprobation des réformes Guigou en s'asseyant, en civil, dans les rangs du public et en distribuant des tracts. Dans une motion rédigée en assemblée générale, les magistrats de Perpignan ont estimé que les projets Guigou «témoignent d'une défiance à l'encontre du corps judiciaire et remettent en cause l'indépendance de la justice». Même ambiance à Sarreguemines (Moselle), à Clermont-Ferrand et à Riom (Puy-de-Dôme) vendredi. Et jusqu'à Cayenne, en Guyane, où les magistrats ont suivi les mots d'ordre de boycott de l'Union syndicale des magistrats et du Syndicat de la magistrature. Et de même jeudi, à Créteil (Val-de-Marne) ou à Limoges (Haute-Vienne). Tribunal après tribunal, quasiment tous sont entrés en dissidence (lire pages 20-21). A Paris, jeudi, une motion a été votée en assemblée générale: «Les magistrats constatent avec amertume que le débat sur le fond de la réforme est d'ores et déjà dépassé par des considérations politiciennes étrangères à la justice ["] Ils sont au regret de constater que les réformes qui accompagnent celle du Conseil supérieur de la magistrature manquent à tel point de cohérence qu'elles ne font qu'additionner les mécontentements ["] Les difficultés de fonctionnement tiennent en réalité plus souvent à l'indigence des moyens mis à la disposition de la justic