Un singe est né. Il s'appelle Tetra et il a sa photo dans la
dernière livraison de Science, l'éminent hebdomadaire américain. L'honneur est grand. C'est que Tetra «est un clone», apprend-on dans l'article scientifique. Est-ce à dire que le singe rhésus soit la version bipédique de Dolly la brebis, le très célèbre «clone de mammifère adulte»?
Aurait-on franchi une nouvelle étape vers le clonage humain? Non. Tetra ne doit rien à Dolly. Et ce singe n'est pas le clone d'un adulte. Il n'est, tout simplement, que le frère jumeau d'un jumeau" Lequel, pour comble, est mort en route. Tetra n'est, en réalité, la copie de personne.
Comment, alors, peut-il être qualifié de «clone»? Jean-Paul Renard, chercheur à l'Institut national de la recherche agronomique, s'en étonne. Mais les créateurs de Tetra, Anthony Chan et ses collègues de l'Oregon Regional Primate Research Center, s'expliquent: Tetra est né d'un «clonage par scission d'embryon». «Une technique expérimentée dans les années 80 pour obtenir des fratries de veaux et lapins identiques», note Jean-Paul Renard. Elle consiste à reproduire in vitro le processus naturellement à l'oeuvre in utero lors de la formation de vrais jumeaux.
Ainsi, les chercheurs américains ont coupé en quatre un embryon de huit cellules, obtenant quatre «mini-embryons» de deux cellules susceptibles de produire quatre vrais jumeaux. La manipulation, répétée treize fois, n'a abouti qu'à la naissance de Tetra. Quel est alors l'intérêt de cette publication, hormis