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Les enseignants du collège Sévigné à Roubaix (Nord) entament leur troisième semaine de grève. Ce matin, en assemblée générale, ils débattront une nouvelle fois des conditions d'exercice de leur métier dans cet établissement en crise, qui bénéficie pourtant de la plupart des aides consenties aux titres de l'éducation prioritaire et de la lutte contre la violence. L'année scolaire avait mal commencé, avec un principal et près de la moitié des 48 professeurs nouvellement nommés. Les anciens les ont prévenus: «Même après dix ans de Sévigné, on peut toujours se faire "bordéler.» Ça a été dur tout de suite. Les professeurs énumèrent la longue liste des projectiles qui les ont accueillis: boulettes, cailloux, tomates, rats, même un oiseau. Et puis il y a eu ce 16 décembre, premier jour de neige. Une quarantaine d'élèves bombardaient tout ce qui ressemblait à un prof, racontent les enseignants. Deux cents autres regardaient, goguenards. Certaines boules de neige étaient lestées de cailloux ou de boulons. «Ils nous canardaient, on ne pouvait rien faire: ils se marraient comme des baleines», raconte Alain Gallon, professeur d'histoire-géographie. Un aide-éducateur a été roué de coups de pied par dix élèves. Le lendemain, tous les enseignants ont voté la grève. Depuis, elle dure.
La moitié des élèves a ses deux parents au chômage. Les trois quarts sont fils ou petits-fils d'immigrés du Maghreb. «Mais ils n'ont ni la culture d'ici, ni celle de là-bas, seulement celle