Jean-Pierre Dintilhac a dirigé l'administration pénitentiaire
d'octobre 1988 à octobre 1990. Il est aujourd'hui procureur de la République de Paris. A ce titre, la loi lui donne, comme à ses substituts, le pouvoir de visiter la maison d'arrêt de la Santé une fois par trimestre. Il participe également à la commission de surveillance qui doit contrôler les établissements pénitentiaires. Il réagit ici à la polémique suscitée par le livre de Véronique Vasseur, le médecin-chef de la prison de la Santé (lire Libération d'hier).
Comment avez-vous réagi à la lecture du livre de Véronique Vasseur?
Je n'ai pu lire que les extraits publiés dans la presse. J'ai été très choqué. Cela nous rappelle d'abord qu'il y a beaucoup de progrès à faire et ensuite que, malheureusement, on finit par s'habituer à tout. La Santé est un établissement qui date de plus d'un siècle, des travaux réguliers ont été effectués, mais c'est un établissement qui souffre surtout de ses locaux de détention collectifs. Il est forcément dangereux de concentrer une population qui pose de multiples problèmes et d'affecter les détenus dans des cellules de deux, trois ou quatre personnes. D'autant qu'entre 19 heures et 7 heures du matin, il n'y a aucune intervention des surveillants. Même s'il y a des rondes de nuit, les détenus les entendent arriver. Alors ils se taisent ou menacent ceux qui voudraient appeler.
L'administration pénitentiaire a répliqué très durement au docteur Vasseur, en l'accusant notamment d'inexactitude