Strasbourg, de notre correspondante.
Le 12 janvier 1988, la police française bloque à la frontière franco-espagnole plus de 2000 exemplaires d'un livre, Euskadi en guerre, édité par Ekin (En avant), une association basque dont le siège est à Bayonne. L'ouvrage, écrit pour l'essentiel par des universitaires, retrace les aspects historiques, culturels, linguistiques et sociopolitiques du combat des Basques. Il a été publié simultanément en français, espagnol, basque et anglais.
Trois mois plus tard, un arrêté publié au Journal officiel interdit «la circulation, la distribution et la mise en vente du livre sur l'ensemble du territoire français», au prétexte que celui-ci encourage le séparatisme, justifie le recours à la violence et peut «constituer une menace pour l'ordre public». En 1997, après neuf ans de procédure, le Conseil d'Etat finit par annuler l'interdiction signée du ministre de l'Intérieur de l'époque, Charles Pasqua, jugeant que, tout compte fait, la publication en cause n'est pas si dangereuse. En revanche, la plus haute juridiction administrative assure que la décision prise à l'encontre du livre Euskadi en guerre n'est pas contraire à la liberté d'expression. Ekin a donc décidé de porter l'affaire devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). L'audience a eu lieu hier.
L'association estime que la censure pasquaïenne, fondée sur un décret-loi du 6 mai 1939 permettant l'interdiction d'imprimés rédigés en langue étrangère par simple arrêté ministériel, était