Quand André-Noël Filippeddu, 42 ans, arrive à la barre de la 17e
chambre correctionnelle de Paris, quelque chose sur son visage trahit une inquiétude. A moins que ce ne soient ses mains, qu'on devine moites tant il les frotte. Mais, bon, il s'avance, André-Noël, le costume-cravate un peu trop grand pour lui. Des sept prévenus qui comparaissent depuis lundi pour tentative d'extorsion de fonds, en décembre 1996, au préjudice de Jacques Dewez, propriétaire du golf de Sperone (Corse-du-Sud), Filippeddu est le seul à reconnaître les faits. D'une certaine façon. «Voilà comment ça s'est passé, monsieur le président. C'était quelques jours avant que j'aille voir monsieur Dewez, pour lui réclamer les 4 millions de francs. Je sortais d'une partie de poker, il devait être 5 ou 6 heures du matin. Quand, sur une petite route de Bonifacio, j'ai été accosté par deux voitures et cinq types en cagoule. J'ai eu peur, je me suis rangé sur le côté, et ils m'ont dit qu'ils étaient du FLNC- Canal historique, qu'il fallait que j'aille voir Dewez, que je n'avais pas le choix. Au début, je les ai pris moitié sérieux, moitié pas sérieux. Puis j'ai fait le tour de mes amis pour comprendre ce qui se passait.» A l'écouter, donc, les six prévenus à ses côtés, comme François Santoni, alors chef de file de l'A Cuncolta nazionalista, vitrine légale du FLNC, ou Marie-Hélène Mattei, à l'époque compagne du précédent et avocate nationaliste, ne sont pour rien dans l'affaire du racket. Tout ça, c'est juste une