Que font les universités de leur autonomie de gestion? La loi de
1984 institue, dans les universités, «un pouvoir présidentiel fort». Et pourtant, «les présidents français ont rarement une expérience de gestion», note la cour avec regret. Fondé sur le contrôle de plus d'une vingtaine d'universités, le rapport pointe plusieurs irrégularités dont certaines doivent être mises au compte de cette inexpérience. Dans plusieurs universités, les présidents n'assument que très sommairement leur fonction: en multipliant les «délégations de signatures», ils contribuent à une «dilution du pouvoir» qui explique en partie le recours massif et illégal à la «pratique des reports de crédits»: les crédits non consommés sont presque systématiquement reportés à l'exercice de l'année suivante. Selon la cour, cette transgression du principe d'annuité du budget est une conséquence de la dispersion des ordonnateurs: «Estimant être seules bénéficiaires de leurs crédits, les unités budgétaires répugnent à les rendre pour qu'ils soient utilisés par d'autres.» Le rapport note par ailleurs qu'en dépit de ses observations passées, plusieurs universités (dont Bordeaux-II et Bordeaux-III) imposaient encore à la rentrée 1998 des droits d'inscription supérieurs au montant arrêté par le ministère de l'Education nationale. De nombreux «manquements au code des marchés publics» (achats de documentation sans appels d'offre, recours abusifs aux marchés négociés) ont été relevés à Lyon-I, Montpellier-II, Bordeaux-III