Maintenant, ça suffit: «La SFP, devenue une "PME de l'audiovisuel
public ("), est contrainte de faire preuve de sa viabilité, ou, à défaut, de disparaître.» Client régulier de la Cour des comptes, la Société française de production a fini par énerver les sages. Ceux-ci dénoncent le «véritable effondrement» que connaît depuis 1986 l'entreprise publique issue de l'éclatement de l'ORTF, malgré les 3,6 milliards de francs injectés par l'Etat en quatorze ans. Les recettes dégringolent ( 40% entre 1993 et 1998), les pertes s'accumulent (280 millions par an en moyenne), les présidents se succèdent (quatre en cinq ans) et les tentatives de réorganisation échouent les unes après les autres. Seuls 440 emplois, sur les 3 000 que comptait initialement la SFP, ont pu être maintenus, «pour un coût moyen exorbitant de près de 10 millions de francs par emploi sauvé». Alors stop, dit la Rue Cambon, qui ne voit plus de rationalité économique à maintenir cette activité.
C'est rude, mais nul ne contestera les «hésitations de l'Etat-actionnaire» que dénonce la cour. Deux tentatives de privatisation ont notamment avorté. Plus grave: épluchant quelques exemples croquignolets, les gardiens de l'argent public relèvent de «graves imprudences, doublées parfois d'irrégularités manifestes» dans des coproductions de séries et de films. Ils critiquent également les conditions dans lesquelles la société a vendu son siège des Buttes-Chaumont, en tirant 165 millions en 1997 quand elle en espérait 400 en 1992.