Lille, correspondance.
Roger Dupré, surnommé «Roger la Banane» pour sa coiffure, encombre les bureaux des juges et hante les esprits de ceux qui l'ont côtoyé d'un peu trop près. Hier, le tribunal correctionnel de Lille l'a condamné à trente mois de prison ferme pour «escroqueries en bande organisée» dans le dossier du Crédit immobilier de Douai (CID).
Fausses factures. En 1997, avec la complicité de son directeur Claude Renaux condamné à quatre ans de prison, cet établissement avait accordé frauduleusement 70 prêts pour des montants allant de 400 000 à 980 000 F à la «nébuleuse Dupré», c'est-à-dire lui-même, ses proches et un intermédiaire. Le CID mettait alors les fonds à disposition dans des délais extrêmement rapides, souvent le jour même d'émission de factures de travaux, fausses ou surfacturées, établies par des entreprises liées à Dupré (Libération du 11 novembre).
Dans ce même dossier, les noms de huit autres personnalités ont été évoqués. Benoît Wargniez tout d'abord. Conseiller à la cour d'appel de Douai, il a obtenu plusieurs centaines de milliers de francs pour jouer les «interventionnistes». Ce qui lui a valu une suspension par sa hiérarchie, une mise en examen pour «corruption, trafic d'influence» et deux mois de détention provisoire. Christian Brillaut et Lucien Aimé-Blanc ensuite, l'actuel et l'ancien directeur du SRPJ de Lille; Bernard Flotin, secrétaire général adjoint aux finances à la Communauté urbaine de Lille; Olivier Guérin, ex-procureur de la République