Cahors correspondance,
C'était en août 1998. A Cazillac (Lot), 360 habitants, où tout le monde se connaît. Caché en embuscade près de l'exploitation agricole de ses voisins, Louis Barré, 72 ans, vise de son fusil de chasse calibre 16 le dos de Bernard Bouyssou qui se rend à l'étable, et tire. Bilan: 40 impacts et vingt jours d'hôpital.
La veille en début de soirée, sa petite voisine Josette, 46 ans, lui avait téléphoné en pleurs pour lui dire qu'il était temps de passer à l'action; que la situation devenait intolérable et que Bernard, son mari, allait tout comprendre. Mais comprendre quoi? Ses amants, son désamour, sa dépression? Non, tout simplement sa mauvaise gestion de l'exploitation agricole. Plus de 400 000 F de dettes accumulées à l'insu de Bernard.
Josette supporte mal cet échec, elle, l'irréprochable bourreau de travail, qui sait «chausser les bottes» et ne rechigne pas à la tâche. «Il le faut, il le faut, il le faut», insiste-t-elle. «Mais tu sais bien que j'y vois mal», répond Louis, à qui elle autorise quelques écarts de conduite quand il lui prête de l'argent ou se porte caution d'emprunt à la banque. Elle l'a persuadé de prendre son fusil.
Louis, rigolard, généreux, un rien porté sur la chose, toujours prêt à aider, va rendre ce service pour les beaux yeux de Josette dont il est éperdument amoureux: une tentative de meurtre avec préméditation.
Sur le banc des accusés de la cour d'assises du Lot, Josette et Louis voient défiler les témoins, une vingtaine au total, a