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Libération
Reportage

A Lyon, ces prostituées de l'Est qui «cassent le métier». Des «travailleuses sexuelles» ont adressé une lettre au procureur et au préfet pour dénoncerla prostitution étrangère, trop voyante, selon elles. Des associations tentent de faire revenir la paix sur les trottoirs.

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publié le 25 janvier 2000 à 21h43

Lyon, envoyée spéciale.

«Monsieur le procureur de la République. Vous n'ignorez pas ce qui se passe à Lyon et agglomération depuis plus d'un an et concernant la prostitution. En effet, de nombreuses filles venant de l'Est demandant l'asile politique (guerre du Kosovo) ["] perçoivent 1 700 F par mois en tant que réfugiées (rien à dire à tout cela). Mais parmi toutes ces personnes, approximativement 50, 80 filles se livrent à la prostitution sous l'emprise de proxénètes albanais. Nous, filles lyonnaises et de l'agglomération, aimerions attirer votre attention sur plusieurs points"»

La lettre de deux pages, est parvenue au procureur le 15 octobre, avec double au préfet, signée par 63 prostituées domiciliées pour l'occasion au siège lyonnais du Mouvement du Nid (1). L'initiative de la missive vient d'anciennes, telle Claudia, basée dans une camionnette sous un pont du Rhône. Elles se décrivent au procureur comme «se prostituant depuis plusieurs années». Affirment qu'elles «se sont battues face aux proxénètes pour ne plus être sous leur joug», qu'elles «payent leurs impôts», qu'elles assurent à la ville une prostitution «plus discrète, sans trop de heurts, ni d'histoires». Bref, disent-elles, «nous aspirons à notre tranquillité». Or, avec l'arrivée des filles de l'Est, les Lyonnaises sont sous pression. Depuis la publication de la lettre en décembre par le journal Lyon Mag', l'effervescence a même redoublé sur les trottoirs lyonnais. Les filles de l'Est sont toujours là, mais la pé