Eric Debarbieux, professeur en sciences de l'éducation à l'université Bordeaux-II, travaille depuis 1995 sur la violence en milieu scolaire. Il anime également un Observatoire européen de la violence scolaire. Claude Allègre lui a confié l'évaluation du plan de lutte engagé en janvier 1998. Eric Debarbieux a remis son rapport au ministre de l'Education en décembre 1998.
La violence scolaire est à l'ordre du jour depuis plus de dix ans. Y a-t-il réellement aggravation du phénomène?
Nos enquêtes ont permis de mettre en évidence une aggravation considérable. A la question: y a-t-il des violences dans votre établissement, 7% des professeurs d'établissements sensibles répondaient «oui, beaucoup» en 1995. En 1998, ils étaient 49%. De même, en trois ans, la part de ceux qui estiment qu'il y a beaucoup d'agressivité contre les profs est passée de 7% à 37%. Mais cela ne concerne qu'un nombre très restreint d'établissements, entre 4 et 5%, essentiellement des collèges.
Mais ce durcissement n'est-il pas l'effet de la médiatisation des violences scolaires?
Malheureusement non. Cette évolution coïncide, dans les quartiers, avec le développement d'une violence d'exclusion et d'une violence antiscolaire. Des groupes d'élèves s'opposent à l'école. C'est la même chose que le caillassage des transports publics, des véhicules de pompiers, etc. Il se trouve que janvier est devenu, pour les médias, le mois de la violence médiatique. En dépit des apparences, il n'y a