Amiens, correspondance.
«Je savais très bien qu'au-dessus de la ceinture c'était les assises.» Lounès Razibaouène, 37 ans, prétend qu'il n'a pas voulu tuer Maamar Slidja, 25 ans, le 1er juin 1997 dans le quartier Brossolette au nord d'Amiens. «Je voulais juste lui faire peur, lui loger une balle dans la jambe. Mais avec le feu, ça bouge.» La balle tirée d'un 22 long rifle à trois ou quatre mètres fera son chemin dans le corps de la victime. Lounès, parce que son bras a tremblé, s'est retrouvé mercredi devant les jurés de la cour d'assises de la Somme, qui l'ont condamné à douze ans de réclusion criminelle alors que les experts, la partie civile et même l'accusation avaient reconnu l'atténuation de ses responsabilités.
Si Maamar est un «miraculé» le projectile lui a sectionné l'artère humorale du bras droit, traversé un poumon, le diaphragme et une partie du foie , Lounès, lui, est un «survivant», rescapé de la contention psychiatrique.
«Il poudre le quartier, raconte Lounès, il a vendu un gramme d'héroïne à ma petite cousine. Je n'ai pas supporté, je l'ai injurié. "Je vends à qui je veux, qu'il m'a dit. Je lui ai donné une claque. Ensuite, il m'a provoqué devant la salle de l'Albatros dans le quartier. Il m'a mis la honte devant les vieux. Il était chargé, c'est sûr, il roulait comme un fou avec sa voiture. Il m'injuriait par la vitre ouverte. Je lui ai dit: "Demain, je vais te faire ta fête.»
Cette nuit-là, Lounès ne rentre pas chez ses parents. «Si j'avais pris mes cachet