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Libération

A Guilvinec, la réinsertion par le poisson. Un apprentissage est offert à des chômeurs. Leur production va aux démunis.

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publié le 1er février 2000 à 22h30

Guilvinec (Finistère), envoyée spéciale.

«Le plus dur pour moi, c'est la raie, c'est l'horreur, je déteste ce truc, ça fait splotch, ça colle, c'est dégoûtant.» Coiffe en papier sur la tête, blouse, grand tablier de plastique et bottes blanches, Corinne est en train d'apprendre les techniques de transformation du poisson avec d'autres chômeurs de longue durée et RMistes. Il y a quatre ans, cette femme de 38 ans habitait en région parisienne. A cinq jours d'intervalle, elle et son mari ont été licenciés. «On est venus à Pont-l'Abbé parce qu'on y avait une maison», raconte-t-elle. Depuis, l'homme travaille en intérim dans le bâtiment et Corinne cherche du travail comme secrétaire. «C'est assez fermé par ici, assez chauvin, et nous, on n'est pas bretons, on a un nom italien.»

Il y a quelques mois, «une copine qui a fait la formation l'année dernière m'a dit: "Est-ce que tu te sens capable de bosser dans le poisson? Je voulais bien essayer». Au menu de ce jeudi 27 janvier: grondin, raie, carrelet, barbue et seiche. Le travail est répétitif: couper les nageoires du grondin, le vider et le débiter en tronçons, arracher la peau de la raie à la tenaille et séparer les ailes de l'arête centrale, lever les filets des carrelet et barbue puis les débarrasser de la peau, enlever la poche d'encre, les tentacules et la peau de la seiche" «Le grondin, c'est ignoble, ça pue», râle Véronique, Parisienne qui a suivi son mari gendarme muté en Bretagne. «Le plus intéressant, c'est les filets. C'e