Beauvais de notre envoyé spécial
Lundi, 10 h 04. «Les parents occupent les locaux de l'administration.» Au milieu des cartons et des marqueurs de la salle d'arts plastiques le QG de grève idéal , une soixantaine d'enseignants du collège Charles-Fauqueux de Beauvais (Oise) commentent l'avancée des troupes. Première occupation des locaux, première grève même, pour certains. On tâtonne. 10 h 07. «La principale a appelé les flics!» Personne ne relève que les récentes instructions de Claude Allègre sont respectées à la lettre. 10 h 30. Ils n'étaient que deux, en tenue. Ils sont repartis, constatant que l'ambiance tenait plus de la kermesse que du coup de force. Le mouvement dure pourtant depuis quinze jours. Et ni les profs ni les parents n'ont le coeur à rire. Tout commence avant les vacances de Noël. Ou mi-novembre? Ou avant la Toussaint? «On n'a rien vu venir», avoue Frédéric, prof de maths. Chacun réécrit l'histoire d'un glissement. L'agression d'un aide-éducateur. La multiplication des violences verbales et physiques 65 problèmes signalés en deux mois, contre 128 pour toute l'année 1998-1999. Enfin «l'émeute» comme on dit ici, avec des guillemets dans la voix.
Piège. 17 décembre: suite à un vol, la principale de l'établissement demande aux élèves de vider leur cartable. «Elle les fouille, oui», s'insurge une élève de troisième. Motif suffisant pour qu'une trentaine de collégiens occupent le «forum». Rapidement, ils font des émules. Une centaine d'élèves s'entasse dans c