Dans leur malheur, les dizaines de milliers d'hommes condamnés à
verser une rente à leur ex-épouse peuvent s'estimer chanceux. Leur cas passionne les députés: lors de la dernière session parlementaire, ils ont produit 5 propositions de lois et posé 92 questions à la garde des Sceaux.
Face à ce harcèlement parlementaire, le gouvernement a inscrit la réforme de la prestation compensatoire à l'ordre du jour prioritaire. Aujourd'hui, devant les députés, Elisabeth Guigou aura besoin de tout son savoir-faire pour éviter que le débat ne fasse trop de victimes parmi les ex-épouses. Mercredi, en commission des lois, une remarque de la féministe Véronique Néiertz (PS, Seine-Saint-Denis) a donné la mesure de l'exaspération parlementaire. «Il est de l'intérêt des femmes de prendre conscience que le mariage n'est pas une assurance vie et qu'il leur faut compter sur leurs propres forces, c'est-à-dire avoir un métier et travailler.»
Mais les attaques les plus virulentes sont venues du côté des défenseurs de la famille traditionnelle. Claude Goasguen (DL, Paris) demande que le versement de la prestation cesse lors du décès du débiteur, lorsque la créancière se remarie, conclut un Pacs ou vit en concubinage notoire.
Amendement repoussé en commission, qui reviendra aujourd'hui en séance. «Il y a des situations consternantes où des personnes ayant un revenu proche du Smic ou au chômage doivent verser 4 000 à 6 000 F à une ex-épouse ayant retrouvé une situation matérielle confortable», s'insurge