La semaine dernière, Paris-Match a publié en exclusivité les
révélations d'Antoine Lopez, «le dernier survivant du crime d'Etat» dont a été victime Mehdi Ben Barka, l'opposant marocain enlevé au coeur de Paris il y a trente-cinq ans, et qui a disparu depuis. Or, l'hebdomadaire n'avait pas rencontré le protagoniste du «plus grand scandale des années de Gaulle», mais s'était contenté d'acheter les confidences faites par Antoine Lopez à une journaliste, Sophie Munier, qui les avait recueillies en vue de la publication d'un livre d'entretiens, chez Fayard. En rupture de contrat avec la maison d'édition, Sophie Munier, à partir des éléments en sa possession, avait mené l'enquête au cadastre de Corbeil-Essonnes. Ce qui avait amené Paris-Match à affirmer que le cadavre de Ben Barka se trouverait sous la mosquée d'Evry, dans l'Essonne. Ses informations ayant été contestées, entre autres par Libération, l'hebdomadaire «persiste et signe» cette semaine.
Outre un éditorial non signé, qui tente de réduire la polémique à une jalousie professionnelle, Paris-Match apporte de «nouveaux éléments». Il s'agit d'une interview avec un commerçant de Corbeil qui, même sous couvert d'anonymat, ne veut pas confirmer qu'Antoine Lopez lui aurait demandé, en 1965, un terrain propice à l'enfouissement d'un cadavre. Le journal affirme qu'en juin dernier le même témoin, «moins méfiant» et «plus loquace», aurait clairement désigné un petit bois près de Courcouronnes, le lieu d'inhumation présumé de Ben Bark