En mer comme sur terre, le fioul lourd de l'Erika n'a pas souillé
que les oiseaux: il a aussi englué le dispositif de lutte «contre les pollutions accidentelles du milieu marin» défini par la circulaire Polmar du 17 décembre 1997 signée par Lionel Jospin. Lundi 24 janvier, l'association des victimes des événements nautiques, qui réunit des professionnels civils de la mer (marine marchande et pêche) a mis en cause l'Etat, «responsable de la misère criante de l'administration maritime». De son côté le «collectif citoyen antimarée noire» a qualifié le plan Polmar de «ligne Maginot antimarée noire». Les experts, enfin, s'y sont mis: «Les services de l'Etat n'ont pas pris la mesure de l'imminence d'une catastrophe écologique ["] ni tiré les leçons de l'Amoco Cadiz», ont accusé des scientifiques de l'université de Bretagne-Ouest et du CNRS. Pas pris la mesure? Certes.
14 h 08: SOS en vain Le samedi 11 décembre, quand crépite à 14 h 08 sur le télex du Cross Etel le premier «distress signal» en provenance de l'Erika, le Cross, «bras armé» de la préfecture maritime pour le sauvetage en mer, manque-t-il de discernement? Les moyens de secours, en tous cas, ne sont pas envoyés vers l'Erika. Pour justifier sa non-intervention, la marine nationale fera état de messages qui, trente minutes plus tard, annulaient le premier signal d'alarme. «Le commandant a envoyé un SOS à 14 heures et l'a annulé à 14 h 30, c'est suspect», remarque pour sa part Roger Courland, ancien radio sur un pétrolier et