C'est pas beau de mentir. Pierre-Jean Clamens, le directeur de la
Sonacotra pour la région Rhône-Alpes, mis en cause pour avoir passé un «accord» avec la police pour lui livrer tous les mois la liste confidentielle des résidents des foyers (Libération du 11 février), a assuré vendredi n'être au courant de rien. «Ces pratiques sont condamnables et complètement antidémocratiques, a indiqué le directeur, c'est un véritable scandale.» Malheureusement, il n'est en poste «que depuis le 3 mai», et on ne lui avait rien dit. «Il s'agit de dérapages individuels de collaborateurs indélicats, mais c'était avant moi», assure Pierre-Jean Clamens. En fait, les «collaborateurs indélicats» n'étaient que des exécutants, et même la direction de la Sonacotra à Paris était parfaitement au courant des dérives.
Les preuves abondent. Pierre-Jean Clamens a reçu, juste après la prise de ses fonctions, un courrier daté du 20 mai d'un capitaine de police, discrètement intitulé «Objet: demande de listings». «Monsieur, écrit l'officier, je vous prierais de me faire parvenir le listing extraction statistiques clientèle et ce pour une périodicité d'une fois par mois, avec communication, à compter d'avril 1999, que des nouveaux locataires de vos foyers.»
Gardien de la paix. Alors, Pierre-Jean Clamens doit lâcher un peu de lest: «J'ai eu à corriger les choses qui n'étaient pas conformes, nos relations avec les services de police sont désormais normales.» Il a donc «corrigé» des éléments dont il n'avait pas