Tribunal correctionnel de Nanterre.
Dans le box, Philippe est blême. «Enlevez la main de votre poche!», lance la présidente. Il est marié, un enfant de 15 mois. «Ce sont des violences conjugales», poursuit la juge. Il y a trois mois il a poussé sa femme dans l'escalier, elle s'est foulé le pied. «Elle m'avait griffé», dit Philippe. La présidente lève le nez: «Et elle dit que vous l'avez giflée il y a deux jours.» Philippe baisse la tête: «C'est faux!» «Tout va mal depuis la naissance du petit», reprend-il. Sa femme n'est pas là. «Donc le tribunal ne peut pas vous juger ce soir et nous allons décider de votre mise en liberté ou de votre détention», lui explique la présidente. Le procureur a son idée: «Si on le relâche, je me demande s'il n'ira pas expliquer à sa femme quelle attitude adopter à la prochaine audience.» L'avocate de permanence lui fait la leçon: «Dans les problèmes de couple, il n'y a jamais un tout noir et un tout blanc. Ce ne sont pas des coups qui ont entraîné la blessure, mais la chute dans l'escalier. Mon client travaille depuis dix-sept ans dans la même société et un de ses collègues propose de l'héberger.» Les juges délibèrent. «Vous êtes placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de vous rendre au domicile de la victime et d'entrer en relation avec elle et votre affaire est renvoyée», récite la présidente. «Vous avez compris?», dit-elle devant l'air hébété de Philippe. Il dit «non». Elle lui traduit. La liberté surveillée, l'interdiction de contac