A l'hôpital pénitentiaire de Fresnes, Abdelhamid Hakkar a reçu, hier
matin, deux visiteurs de marque: Erik Jurgens, membre néerlandais de la Commission européenne des droits de l'homme (CEDH), accompagné de Jack Lang. Cet Algérien de 43 ans incarcéré depuis seize ans au terme d'un procès jugé «inéquitable» par la CEDH devient le symbole des archaïsmes de la procédure pénale française, et de son inadaptation aux standards européens. En 1989, la cour d'assises de l'Yonne l'a condamné à la réclusion à perpétuité assortie d'une période de sûreté de dix-huit ans, pour le meurtre d'un policier qu'il a toujours nié. Dans un arrêt rendu en 1995, la cour de Strasbourg a jugé que la procédure avait été excessivement longue (cinq ans), et que les droits de la défense n'avaient pas été respectés: Abdelhamid Hakkar n'était ni présent, ni représenté à l'audience. Depuis, une sorte de bras de fer s'est engagé entre le Conseil de l'Europe, chargé de faire appliquer les décisions de la CEDH, et la France. Principe. A Strasbourg, on estime que ce détenu est toujours présumé innocent et qu'il doit donc être libéré. A Paris, on se retranche derrière la législation nationale: en vertu du principe de l'autorité de la chose jugée, il est impossible d'envisager la révision d'un procès pénal.
«Nous avons décidé de lui rendre visite car le Conseil de l'Europe n'a pas la possibilité d'appliquer des sanctions», regrette Erik Jurgens. Puisque les multiples pressions sont restées sans effet (Libérat