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Libération

Policiers musclés contre prof de philo indigné. Molesté et incarcéré, l'agrégé, accusé d'outrage, a été relaxé.

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publié le 15 février 2000 à 22h15

Le Havre, correspondance.

Les deux versions s'opposaient. D'un côté, celle des trois policiers. Ils ont été, accusent-ils, «outragés par paroles, gestes, menaces de nature à porter atteinte à la dignité ou au respect dus à la fonction de policiers dans l'exercice de leurs fonctions». Face à eux, Hughes Labrusse, 61 ans. Ce professeur agrégé de philosophie qui s'est retrouvé molesté, menotté, incarcéré, accusé d'ivresse publique, contestait les faits. Hier, le tribunal correctionnel de Caen a débouté les policiers, prononcé la relaxe d'Hughes Labrusse, et entre autres l'illégalité de la détention.

Comment «une conversation tardive, familiale et amicale» peut prendre tout à coup «l'allure d'une opération de grand banditisme», c'est ce que se demande encore Hughes Labrusse, honorable membre du Centre régional des lettres. Ce 4 septembre 1999, il est deux heures du matin passées, lui, sa femme, enseignante, leurs trois enfants et leurs conjoints finissent la soirée chez un ami togolais, leurs deux petits-enfants dormant à côté.

«Nous discutions tranquillement de la prérentrée scolaire» affirme l'enseignant quand retentit la sonnerie de l'appartement. Sur le palier, raconte-t-il, trois agents de police. «Ils ont indiqué qu'ils avaient été appelés par des voisins qui se seraient plaints du bruit et ils ont exigé aussitôt de notre hôte qu'il présente ses papiers d'identité.» Mais tout bascule, quand le philosophe présente ses titres, s'indigne de la délation des voisins suivie d'une