Les universités de la banlieue parisienne accueillent des dizaines de milliers d'étudiants vivant en dessous du seuil de pauvreté. Anne Thébault, assistante sociale sur le campus de Paris XIII-Villetaneuse (Seine-St-Denis) épaule, avec deux collègues, 21 000 jeunes: «nos étudiants sont boursiers à plus de 30% et souvent au taux maximum. Parfois, on s'aperçoit qu'ils n'ont pas de quoi manger normalement». Pour elle, les dispositifs d'aides sont loin de fonctionner normalement: «Un étudiant dont la famille a été expulsée demande une aide d'urgence en octobre. En janvier, la commission d'étude des dossiers lui a répondu pour lui réclamer une quittance de loyer"». Nelcya Delanoë (1), professeur d'histoire américaine, enseigne à Paris X-Nanterre depuis près de 30 ans. Sur ce Campus où transitent plus de 35 000 élèves, elle aussi voit aujourd'hui «des étudiants qui ne mangent pas à leur faim». «Les plus pauvres sont systématiquement envoyés dans les facs de banlieue. La sectorisation n'est pas respectée. Les plus aisés se débrouillent pour faire leur droit dans Paris intra-muros. J'ai des étudiants qui n'ont pas assez d'argent pour acheter des livres. J'en ai vu un, cette année qui n'arrivait plus à payer son loyer et son électricité. Mais rares sont ceux qui viennent dire leur malheur. Souvent, on le devine parce qu'ils ont la gueule à l'envers ou parce qu'ils ne viennent plus en cours. Depuis une dizaine d'année, cette misère est devenue très lourde». Nelcya Delanoë juge «sca
«Rares sont ceux qui viennent dire leur malheur».
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publié le 15 février 2000 à 22h14
(mis à jour le 15 février 2000 à 22h14)
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