Le décret ouvrant la procédure d'indemnisation des enfants juifs
devenus orphelins à la suite de la déportation de leurs parents devrait être promulgué vers la fin de ce mois. Cette décision avait été annoncée en novembre par Jospin, qui avait évoqué la nécessité d'«un geste de reconnaissance du devoir que nous avons envers eux». Pour l'association des Fils et filles de déportés juifs de France, présidée par l'avocat Serge Klarsfeld, c'était l'aboutissement d'un combat de près de vingt ans. «Quand on pense à tous ces enfants dont la vie a été brisée car la plupart n'ont bénéficié d'aucune aide après la guerre, cette indemnisation apparaît comme une simple mesure de justice», constate Beate Klarsfeld, militante de l'association au côté de son époux.
Mais la décision du Premier ministre est loin de faire l'unanimité parmi les associations concernées. «Le dédommagement doit bénéficier à tous les enfants qui ont subi les lois de Vichy, orphelins ou non», explique-t-on à l'association Aloumim, basée à Tel-Aviv (lire encadré). «Tous les juifs ont été exclus de la communauté nationale. Il faut un véritable dédommagement pour marquer leur réintégration dans la citoyenneté française. Se limiter aux seuls orphelins relève de la recherche du compromis propre à l'administration française.»
Un rapport confidentiel de décembre semble vouloir réduire les effets financiers de l'indemnisation des orphelins. Il évalue à 2 000 («hypothèse haute») le nombre de demandes susceptibles d'être examinée