Lille, correspondance.
Pas de maquillage, quelques bijoux discrets, un twin-set beige sans ostentation, une maison dans les beaux quartiers de Roubaix, un appartement à Val-d'Isère. Cornélie se définit comme une «femme bien élevée, catholique» et «pas du genre à se laisser faire». Son père était diplomate. La jeune femme a fait le tour du monde au bras de son mari, professeur d'anglais coopérant. Elle est d'origine zaïroise. Le 31 janvier, elle a passé une nuit au commissariat, d'où elle est sortie le corps couvert de bleus. Elle n'a toujours pas compris pourquoi. Hier, avec Me Nigobert Ngounou, avocat de la Licra, elle a décidé de déposer une plainte contre X pour «arrestation et détention illégales, injures raciales, torture et actes de barbarie par personne dépositaire de l'autorité publique».
Mari blanc. L'histoire commence par une dispute conjugale. Pour la troisième fois en dix ans de mariage, le mari de Cornélie lève la main sur elle. Ils sont en instance de divorce. Un jugement de conciliation provisoire lui accorde l'usage de la maison, mais le mari n'a toujours pas quitté les lieux. D'après le récit de la jeune femme, le soir du 31 janvier, le ton monte. Le mari frappe, elle se défend. «Je ne suis pas du genre à me laisser gifler», raconte-t-elle. Sur ordre du père, la fille du couple, 9 ans, compose le 17. Quatre policiers arrivent sur les lieux. «Mon mari leur a dit que j'avais bu et que je menaçais notre fille, c'était la parole du mari blanc contre la femme noir