«Elle était très préoccupée. Comme si elle craignait le pire. C'est
une intuition, ce n'est pas une preuve.» C'est le sentiment que garde Jacqueline Derens qui travaillait aux côtés de Dulcie September, au bureau de l'ANC à Paris. Quelques jours avant sa mort, Dulcie avait cherché à joindre un camarade de l'ANC, sans y parvenir. Elle ne bénéficiait d'aucune protection de la part des autorités françaises.
Dulcie était arrivée en 1984 à Paris, pour prendre la responsabilité du bureau d'information de l'ANC. Auparavant, elle avait travaillé au siège de Lusaka, puis au bureau de Londres. Née en 1935, originaire du Cap, elle avait été brièvement incarcérée pour son engagement au sein du mouvement de l'Unité, un groupe qui prônait un boycottage radical de l'Afrique du Sud, avant de rejoindre en exil les rangs de l'ANC. Arrivée à Paris, elle rencontre la mouvance antiapartheid, et sympathise plutôt avec le courant communiste.
«C'était une femme très combative, très ferme et déterminée. Elle se mettait volontiers en colère contre ceux qui l'empêchaient de parler», se souvient Marcel Trigon, président de Rencontre nationale contre l'Apartheid et ancien maire (PCF) d'Arcueil. «En même temps, elle était très humaine.» Trigon lui trouve un logement, voisin du sien, dans une école d'Arcueil. «Elle vivait très modestement, du pécule que lui versait l'ANC. Son logement a été meublé par les uns et les autres. Un an avant son assassinat, elle avait demandé à déménager parce qu'elle craignait un