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Libération

«Tout dire au patient, mais comment?». Un médecin hospitalier face à la nouvelle obligation d'informer sur les risques.

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publié le 22 février 2000 à 22h40

L'homme ne dit rien. Ou alors il dit que tout va bien. Il ne pose

aucune question. Il a 58 ans. C'est sa femme qui parfois lâche: «Mais dis au chirurgien que tu as quand même du mal à marcher.» L'homme est artisan mesuisier. Ses deux genoux sont en piteux état, et cet après-midi, il est venu à l'hôpital d'Eaubonne (Val-d'Oise) en consultation en chirurgie orthopédique pour la pose d'une prothèse de genoux. A la fin, il ose: «En fait, je voulais vous demander si la semaine prochaine je peux faire du ski.» Quelques semaines après l'arrêt du Conseil d'Etat qui oblige les médecins hospitaliers à informer les patients, «y compris des risques exceptionnels lorsqu'un acte médical est envisagé» (Libération du 7 janvier), le docteur François Aubart, chef de service, écoute calmement son huitième patient. «Attendez, monsieur, vos jambes sont dans un très mauvais état, vous avez des varices qui posent problème. Vous savez très bien que le ski vous est totalement contre-indiqué.» L'homme se tait, il en aurait presque les larmes aux yeux, alors qu'à tout moment une embolie peut survenir en raison de son état veineux. Risques. «On nous demande de tout dire, y compris les risques exceptionnels d'une opération banale sur un patient. Pourquoi pas?», lâche François Aubart. «Mais comment je fais? D'abord, l'idée de risque exceptionnel n'est pas évidente. Le risque d'aujourd'hui n'est pas celui d'hier.» Et puis ce chirurgien ajoute: «Certes, dans ma discipline, ce sont bien souvent des personn