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Libération

Un accident de trop pour Léonore, prof volant. Ballottée sans égard d'un poste à l'autre, l'enseignante, qui doit avaler les kilomètres en Lozère, porte plainte contre l'administration.

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publié le 23 février 2000 à 22h39

Devant, la route qui s'évanouit dans le virage en épingle à cheveux.

A droite, la falaise. A gauche, le vide. La pluie masque les flaques d'huile qui parsèment la chaussée. La Twingo fait un tout-droit. Côté falaise. Un accident de plus sur le col de Coperlac, en Lozère. Pas le pire. Voiture fichue et rotule douloureuse, Léonore en est quitte pour une grosse frayeur. Qui s'est depuis muée en colère noire contre son employeur: l'Education nationale.

Méthodologie. Depuis la rentrée, Léonore est TZR. Titulaire en zone de remplacement. Un statut destiné à réaliser l'utopie «pas de classe sans enseignant». Il s'agit d'un volant de profs affectés à chaque académie pour boucher les trous. En juillet, Léonore reçoit son affectation au collège de Marvejols, à côté de Mende. Pour cinq heures et demie d'enseignement du français. Elle sait qu'un autre poste viendra compléter le premier: certifiée de lettres modernes, elle doit dix-huit heures de cours par semaine. Qu'elle réalise dès la rentrée: en plus de ses cinq heures et demie en classe de cinquième, elle effectue des séances de soutien, des études dirigées, de cours de méthodologie" On n'est pas loin de l'idéal de Claude Allègre et Ségolène Royal: avoir suffisamment de profs dans les écoles pour que certains puissent assurer un suivi individualisé des élèves.

Quinze jours après la rentrée, Léonore apprend par sa principale qu'un poste à temps plein est vacant au collège André-Chanson de Meyruels, à 70 km de Mende. Elle pourra y faire