Il est certain que le personnage prend de la place. Gros bagout,
direct et envahissant, Pierre Henry n'est, pour une fois, pas trop à l'aise. Le président de France Terre d'asile doit faire face depuis un mois à une grève, passionnelle et un peu confuse, qui n'a qu'un objectif clair: obtenir sa tête. Le conseil d'administration de l'association doit se pencher ce matin sur le conflit et, s'il n'y a guère de doute que le directeur soit confirmé dans ses fonctions, la sortie de la crise s'annonce difficile.
L'association, créée en 1971, gère 90 centres d'accueil de réfugiés, financés par l'Etat soit 4 700 places. Une goutte d'eau au regard des besoins, ce qui pèse sur les salariés, engagés corps et âme auprès d'étrangers dont les histoires personnelles sont déjà très lourdes.
Filières. Pierre Henry, arrivé il y a trois ans et dont le dynamisme n'est pas contesté, se flatte d'avoir multiplié par deux l'effectif de l'association, dont le «chiffre d'affaires» est passé de 29 à 45 millions. Il développe des filières pour l'intégration sociale des réfugiés, a ouvert un centre pour mineurs isolés. Et ne voit, du coup, dans le conflit qu'«une crise de nerfs et de croissance». C'est sans doute un peu court.
31 des 89 salariés se sont retrouvés le 25 janvier dans une assemblée générale pas très générale et ont voté la grève par 25 voix contre 2, et 4 abstentions. Surprise du restant des troupes le lendemain en découvrant leurs camarades grévistes qui protestaient contre «les menaces et l