Lille, tribunal de police.
La présidente rend ses jugements. Dans le public, une fille pousse sa copine du coude: «Eh ben dis donc, tu dois payer 5 000 F à Roselyne et t'as 1 700 d'amende.» La condamnée est résignée: «Où que tu veux que j'aille chercher les sous? Ici, c'est toujours les accusés qu'ont tort.» Ici défilent de minuscules histoires de quartier.
Petite, carrée, Magali s'est campée devant le tribunal, jambes écartées, mains dans le dos. Florence l'accuse de l'avoir giflée, un soir vers 22 heures. «Elle était montée se plaindre du bruit à l'étage du dessus, raconte la juge. Le ton a monté et vous l'avez agressée en la tirant par son pyjama, puis vous l'avez frappée.» Un certificat médical atteste d'une ecchymose à l'oeil gauche. Magali dit: «Je reconnais avoir fait du bruit, mais je faisais attention, car au moindre souffle, elle monte ou elle cogne avec un balai.» Quand Florence a tambouriné à la porte, Magali a ouvert. Elle raconte. «Elle m'a dit "grosse merde, je l'ai repoussée, elle a mis son pied dans la porte. Elle a crié "grosse vache, et ça, je le vis très mal, j'ai une surcharge pondérale, j'ai même été hospitalisée pour maigrir et ça me déprime.» Elle regarde Florence, jure «je ne l'ai pas tapée». La procureure regrette: «C'est dommage, la médiation n'a pas marché car ce voisinage est vraiment empoisonné. Il y a sûrement des erreurs de part et d'autre.» Elle demande tout de même 1 500 F d'amende contre Magali. Jugement dans un mois.
Quand Gérard est sorti