Douai, correspondance.
Après dix-huit mois d'enquête, un surveillant de la maison d'arrêt de Douai (Nord), soupçonné d'avoir fermé les yeux sur le passage à tabac d'un détenu par sept autres dans la cour de promenade, a été mis en examen pour «non-assistance à personne en danger». Le 3 juin 1998, le soleil brille quand Philippe (1) décide, pour la première fois après quatre mois de détention, d'aller en cour de promenade. Harcelé par un détenu, il admet être là pour des questions d'attouchements sur des enfants, car, expliquera-t-il plus tard au juge, «c'était un secret de polichinelle».
Identifié comme un «pointeur», un délinquant sexuel dans le langage des prisons, Philippe reçoit des coups de poing dans la figure, des coups de pied dans les côtes. Ses lunettes sont cassées. Il saigne. On lui retire son pantalon, il est contraint à se dénuder, à faire des pompes, à se mettre à genoux pour crier: «Je ne recommencerai plus.»
«C'était le spectacle.» «A la fin, les sept ont eu l'idée de se mettre en file indienne. Ils passaient un à un devant moi et me frappaient. J'ai cru que j'allais partir», relatera-t-il. L'acharnement a duré une heure et demie, sous l'oeil d'un gardien posté dans le mirador. Un des détenus mis en cause racontera devant le juge: «Le gardien regardait. Il n'a rien dit. Pour nous, c'était carte blanche. On a fait des signes au surveillant pour qu'il soit remonté. Il nous a bien vus. Le mirador est bien placé. S'il y a effectivement un angle mort, nous n'avons p