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Libération

Euthanasie : «Je me suis suicidée il y a un an». Astrid ne voulait plus vivre sans son mari.

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publié le 4 mars 2000 à 23h03

Astrid est née en Chine il y a 84 ans, dans une famille de

l'aristocratie française et cosmopolite. Ses parents, magnifiques, «ne s'intéressaient qu'à eux-mêmes et à l'amour qu'ils se portaient» et lui consacraient dix minutes par jour. «Nous avons été élevés par une armée de domestiques.» Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, elle rentre en France pour «faire la guerre», travaille comme ambulancière jusqu'à l'armistice et rejoint ensuite le général de Gaulle à Londres. Là-bas, elle épouse un diplomate brésilien, puis elle vit au Brésil, en Egypte et en Inde, où elle «change d'ambassadeur». Elle est restée mariée 42 ans à ce haut dignitaire yougoslave: «Un bonheur parfait dans un pays horrible. Mais quand on est heureuse avec un homme, rien ne semble dur.» Son mari meurt en 1995, peu après leur installation à Paris. Elle n'a pas d'enfant, a surmonté deux cancers, une attaque cérébrale, 34 opérations, et souffre d'arthrose.

Souffrances monstrueuses. «Je me suis suicidée il y a un an. Je me sentais beaucoup trop seule. J'ai quitté mon milieu il y a trop longtemps, et tous mes vrais amis sont décédés. Quelques personnes viennent me voir, elles sont plus jeunes que moi et pensent surtout à se partager ce qu'il y a dans cet appartement. "Tu me garderas ce tableau ou "Tu me donneras cette commode. L'héritage est la chose la plus dégoûtante qui existe en France. Je ne pouvais pas vivre sans mon mari, je ne le peux toujours pas. Il est mort d'un cancer du poumon, c'est lui qui m