La Sonacotra a vigoureusement changé son fusil d'épaule. Certes, le
fichier des résidents, discrètement transmis tous les mois à la police, mentionne bien si les Français sont de souche ou non, mais ce n'est plus très choquant. «Ces mentions, on les revendique, a indiqué Me Véronique Lartigue, pour la Sonacotra, nous n'avons pas honte de cet état de fait, ce que vous voulez prouver, on le reconnaît.» SOS-Racisme, qui demandait vendredi en référé à Paris copie du fichier par huissier, s'est trouvé du coup dans une position juridique bancale, mais, pour gagner son procès, la Sonacotra s'offre une contorsion qui risque de perturber son image.
Tous les mois, à l'insu de ses résidents, la région Rhône-Alpes de la Sonacotra livrait, au moins jusqu'à l'automne dernier, un listing de ses locataires à la police de l'air aux frontières (PAF). Une liste très complète, avec des mentions curieuses sur l'origine, «France métropole», «France outre-mer» ou «France naturalisée». Les policiers vérifiaient les listes et venaient ensuite arrêter les résidents qui les intéressaient, en envoyant un petit mot aimable à leurs collaborateurs de la Sonacotra (Libération du 11 février). Le président de l'entreprise avait assuré, lui, n'être au courant de rien. «En aucun cas la direction de la Sonacotra ne cautionne de telles pratiques, protestait Michel Pelissier, elle les dénonce, elle les condamne. Ces pratiques ne sont conformes ni à l'éthique de la Sonacotra, ni à la mienne propre», et en plus il ne