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Libération

Carnets de justice. «L'autre prévenu n'est pas un petit poulet de l'année».

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publié le 6 mars 2000 à 23h02

Tribunal correctionnel d'Amiens.

L'un est libre, l'autre pas. Youssef et José ont été arrêtés ensemble. «La police les a vus en train de se remettre quelque chose. Puis Youssef a jeté un paquet par terre», lit le président. A son domicile, les policiers ont trouvé 2200 F en liquide, 57 grammes d'héroïne et un peu de cocaïne. «Vous avez dit avoir reçu 6 000 F de José pour acheter la drogue à Rotterdam.» Derrière la vitre du box, on voit Youssef tout agité de tics. José est à la barre. «Vous dites que Youssef a tout inventé, que vous vouliez juste lui acheter une dose à 200 F», lui dit le président, et José répond. «Quand on s'est retrouvés ensemble en prison, je lui ai dit: "Qu'est-ce que tu m'as fait? C'est dégueulasse. Il m'a dit: "Mets-toi à ma place, j'ai dix-huit mois de sursis au-dessus de la tête. Mais t'en fais pas, je me rétracterai.» Youssef ne s'est pas rétracté, il est en prison depuis neuf mois. José a été relâché après trois mois et son avocate assure: «Ce sont deux toxicomanes de longue date, mais José avait fait des efforts considérables pour s'en sortir et celui-là est venu lui mettre la dose sous le nez. C'est lui le responsable!» L'avocat de Youssef crie: «Vous êtes avocate, chère consoeur, le procureur est là pour le réquisitoire!» Elle se fâche: «Je n'ai pas de leçons à recevoir! La règle veut qu'en défense on n'enfonce pas les autres, mais ça ne vaut que si les responsabilités sont reconnues.» Elle demande la relaxe de José. Son confrère tonne pour Yo