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Libération
Interview

Etienne Noël, avocat d'un détenu dont l'agresseur était jugé à Evreux. «Les victimes ont peur des représailles».

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publié le 8 mars 2000 à 22h59

Violé, racketté, obligé à faire le ménage de la cellule de son

agresseur: un détenu de la prison de Val-de-Reuil (Eure) accuse un autre prisonnier de lui avoir fait vivre un enfer entre août et octobre 1996. Après deux mois de silence, la victime a alerté les surveillants. L'agresseur est transféré dans une autre prison, et un juge d'instruction est saisi. Mais, en octobre 1998, le juge rend un non-lieu, estimant les faits «insuffisamment caractérisés». Avis non partagé par la chambre d'accusation de Rouen qui, en septembre 1999, renvoie l'affaire devant les assises de l'Eure. Les juges fondent leur arrêt sur les «aveux partiels» de l'accusé, les «mises en cause constamment réitérées et dans des termes similaires de la victime», et les «quelques déclarations de témoins ayant accepté de rompre avec la loi du silence carcérale et celles des surveillants». Avant l'audience de la cour d'assises d'Evreux, qui devait juger cette affaire à huis clos hier, Me Etienne Noël, avocat du plaignant, explique comment de tels faits peuvent se produire en prison, sans être dénoncés pendant des mois.

Comment expliquez-vous que, dès son arrivée au centre de détention de Val-de-Reuil, votre client soit devenu le souffre-douleur d'un autre détenu?

Mon client est quelqu'un de faible et d'influençable, qui sortait de l'hôpital de Fresnes. Un caïd tel que l'accusé l'a repéré tout de suite. Il n'a eu aucun mal à s'imposer à lui, en étant d'abord gentil, puis en le menaçant de révéler à tout le monde